Ma première expérience naturiste

Dès que j’ai quitté mes parents pour aller vivre «ma vie» (à 21 ans), j’ai pratiqué le nudisme chez-moi.

En fait, comme je vivais seul, qu’il n’y avait pas de vis à vis à mon immeuble et que les voisins du dessous chauffaient à fond, je ne voyais pas l’intérêt de m’habiller; je restais donc nu.

Par contre, personne n’était au courant de cela, car je ne voyais pas l’intérêt d’en parler et que pour beaucoup de personnes je serais passé pour un type bizarre…

Alors autant profiter de ce plaisir tout seul.

Même ma copine du moment n’était pas au courant.

Ma première expérience naturiste s’est passée en 1997.

Je devais faire un stage professionnel de deux semaines en Arles avec retour à la maison pour le weekend, mais une grève des transports m’a «condamné» à passer ce weekend là-bas.

Je dis « condamné », car les prévisions météorologiques annonçaient nuages, pluie et orages, dans ce cas, que faire d’un weekend pourri non prévu sachant que je m’étais déjà amplement baladé dans la région d’Arles ?

Quand j’ai annoncé à ma femme, que je ne pourrais pas la rejoindre le weekend, elle me suggéra d’aller voir la mer, d’aller visiter le petit village de Sainte Marie de la Mer.

Comme elle m’avait dit qu’il y avait une immense plage, j’avais prévu d’emmener de quoi lire, de quoi boire et manger, un drap de bain pour m’asseoir, un K-Way pour me protéger de la pluie annoncée et un sac pour porter tout ce petit équipement.

Pas besoin de crème solaire, short ou maillot, vu le mauvais temps prédit.

C’est vrai que le village était typique et charmant.

J’ai vu son clocher roman, marché dans ses ruelles pavées,…Des nuages menaçants rodaient au dessus de ma tête.

Pour aller voir la plage, il fallait aller vers l’est. Je me suis donc dirigé vers cette immense étendue de sable (8km je crois) en longeant le bord de mer.

Quelle belle ballade que de marcher sur cette longue plage de sable fin.
Après 1/2 heure de marche, je me suis posé à quelques mètres du bord de la mer et près de merveilleuses dunes.

J’étais seul, tel Robinson sur son île, tel une mouche perdue sur le crâne d’un chauve.

Je lisais tranquillement, étendu sur mon drap de bain.

Je me souviens encore du livre, c’était «Les Thanatonautes» de Bernard Werber.

J’étais captivé par ce livre, ne me rendant plus compte de se qui se passait autours de moi.

Au bout d’un moment, je ressentais une chaleur inattendue.

Les nuages n’étaient plus menaçants, ils avaient disparu.

Je suais à cause du soleil découvert et de mon pantalon long, mais que faire, cette chaleur n’était pas prévue. Sacré monsieur météo !

J’enlevais mes chaussures, chaussettes, teeshirt pour avoir moins chaud, et reprenais ma lecture captivante.

Puis un ballon vint tomber tout près de moi.

Des gens s’étaient installés probablement depuis un certain temps sans que je ne m’en rende compte tant j’étais captivé par ma lecture.

Ils jouaient, se prélassaient, discutaient et se baignaient dans la joie des plaisirs de bord de mer.

Je me rend soudain compte d’une chose étrange…  ces gens sont… complètement nus !

Pas un maillot, pas un teeshirt, rien… Nus comme des vers…Où étais-je tombé ?

Que devais-je faire ?

Partir ? Et puis quoi encore ?

J’étais arrivé le premier, pourquoi devrais-je m’en aller ?

En plus, personne ne m’a dit de m’en aller…Et puis, s’ils ont envie de se balader à poil, c’est leur affaire, pas la mienne.

Allez, on se replonge dans le bouquin !

J’ai eu du mal à me re-concentré sur mon livre; avec tous ces seins qui appellent mon regard, tous ces zizis qui me narguent et toutes ses fesses qui me sourient…

En plus je crève de chaud, ça en devient insupportable.
Je crois bien que je ferais mieux de retourner à l’hôtel me chercher un short ou mieux encore, aller au village, m’acheter un maillot. Oui, bonne idée !
Mais alors, il va falloir remarcher quasiment une demi heure aller, une demi heure retour sous ce soleil de plomb…

Je n’en pouvais plus.

Et pendant ce temps, les autre riaient, criaient leur bonheur et se rafraichissaient dans l’eau alors que moi, je ne pouvais bientôt plus suer tant j’avais perdu d’eau.

Les voir se baigner, c’était le pire.

Et pourquoi ne me baignerais-je pas ?

J’ai qu’à y aller en slip !

Ben ouais, suis-je bête !

Allez, zou ! J’enlève mon pantalon.

Oui, mais un mec en slip, même pas avec un maillot, au milieu de gens tous nus, ça a l’air d’un con, non ?

Ben oui, ça fait con.

Je regarde les tous nus qui sont autours de moi, ils lisent tranquillement, ils discutent,… Bref ils font un tas de choses, mais en tout cas, ils ne s’occupent pas de moi, ça c’est certain.

Je suis là, debout, en slip, au milieu de dizaines d’enfants d’Adam et d’Eve.

Oui, j’ai l’air d’un con là.

Et puis, qu’est-ce que ça pourrait foutre qu’ils voient mes fesses ? Je vois bien les leurs !

Oui, mais il y a le zizi, c’est précieux un zizi.

Il y en a même qui l’appellent «bijou de famille», c’est pas rien ça.

Et en plus, il risque de me trahir tel Judas en se dressant pour dénoncer ma non appartenance à ces membres d’associations naturistes.

Stratégie n° 1 :

On ôte le slip de la main droite vu qu’on est droitier.
Pendant ce temps, la main gauche cache le précieux trésor.
On cours au plus vite vers l’eau salvatrice.
On cache son impudique nudité dans les vagues.
On se rafraîchit autant qu’on veut.
On ressort de l’eau…

Zut, j’y avais pas pensé, il va aussi falloir sortir de l’eau, et là je serais de face et non plus de fesses.

Des gens qui cours vers la mer, on en voit souvent, et plouf dans l’eau !
Mais des gens qui cours pour en sortir, c’est plus rare, enfin moi, je n’en ai jamais vu…
Bref, retour à la case départ, j’aurais l’air d’un con !

Je pourrais le faire à la cool.

Ah oui, bonne idée !

Stratégie n° 2 :

J’enlève le calbute d’un geste fier et macho en regardant que tous m’admirent à ma juste valeur.

Je me dirige d’un pas de cigogne vers les vagues qui m’appellent de leur désir de me caresser.
(pour ceux qui ne comprennent pas ce qu’est un pas de cigogne, regardez les films d’Aldo Maccione)

Arrivé dans l’eau,… Là c’est sur : j’ai vraiment l’air d’un con.
Et pire encore, ils vont vraiment tous se foutre de ma gueule…

Je me rend compte que ça fait un bon moment que je suis planté là comme une andouille en slip.

Il faut que je fasse quelque chose, mais quoi ?

Soudain (j’aime bien ce mot, soudain, ça annonce qu’il va se passer quelque chose, et on se demande bien quoi, vous n’avez jamais remarqué dans les romans d’action ou de suspens ?). Zut, je perds le fil, là..; Je disais donc…

Soudain, je me retrouve dans l’eau tout nu…

Tel un automate :

J’ai descendu ma culotte.
Je me suis dirigé tout normalement vers la mer.
Je suis rentré dans l’eau jusqu’au genoux sans que personne ne s’occupe de ma petite saucisse.
C’est quand les coucougnettes ont été plongées en immersion que je me suis réveillé de ma transe.
BON DIEU QUE C’EST BON !!!

Oh oui, que c’est bon !

Cette fraicheur, ce va et vient des vagues frisqounettes.

Délice des délices : je sens les chatouillis impudiques de la Méditerranée entre mes testicules et le petit trou noir… Et là, je fond de bonheur.

Mais pourquoi n’ai-je pas essayé ça avant ?

Quel plaisir intense que de se baigner nu; quelles sensations fantastiques, inoubliables, enivrantes, magiques ! (j’en fais trop là ? Alors rayez les mentions inutiles).

Me voici nageant nu tel l’enfant qui vient de naître (mais avec quelques années de plus quand même) parmi d’autres bienheureux qui ressentent certainement la même allégresse que moi.

Heureux les naturistes, le royaume du plaisir simple et naturel est à eux.

Je suis tel Christophe Colomb qui découvre l’Amérique, tel Neil Armstrong qui pose le premier pas humain sur la lune, tel Orlando qui découvre Hélène Ségara (pas sur que ce soit comparable, mais bon, j’étais dans un tel état).

Je nage, me baigne, m’ébroue.
Aucune partie de mon corps n’est privée des caresses de la mer.

C’est à peine si je saurais me sortir de l’eau tant j’étais ivre de joie.

Mais à un moment donné, faut bien l’avouer, je commençais à cailler profond.

Comment sortir de l’eau sans que l’on ne voit ma nudité ?

Stratégie n°…

Oh et puis zut les stratégies !

Ça y est maintenant, je fais partie de la famille, ou du club, ou de rien, on s’en fout !

 

Hé oui ! Je suis tout nu, oui si je sors vous verrez mon zizi et mes fessounettes, oui mon intimité n’aura plus de secret pour vous, mais qu’à cela ne tienne : je partagerais ma nudité avec vous, comme vous m’offrez la vôtre !
(c’est bien dit, non ? On dirait un discours de ministre des années 1930)

C’est donc tout naturellement que je me suis extirpé des vagues caressantes pour me retrouvé nu à la vue de toutes et tous, sans honte ni fierté, simplement et avec la satisfaction d’un plaisir partagé.

Une enfant sortant de l’eau a faillit tomber, elle s’est rattrapée en posant sa petite main sur ma fesse droite, comme si j’étais un soutien quelconque sans le moindre regard en arrière pour moi, c’était normal.

Je suis resté là, tout nu hors de l’eau, je sentais l’aller et venu des fins de vagues mourantes sur mes chevilles. Je regardaient ces bienheureux naturistes profiter de l’innocence de leur nudité à eux, ils n’étaient pas nus, ils «étaient» tous simplement.

Un monsieur âgé me sorti de mon admiration en me demandant si «elle est bonne», je lui répondis «excellente», puis il me fit la discussion, heureux d’avoir trouvé quelqu’un à qui parler. Il me présenta même son épouse qui nous avait rejoints.

Je n’étais pas nu, «j’étais».

Ils sont allés se baigner et moi, je suis retourné sur ma serviette, me laissant sécher par le soleil. Je n’avais plus envie de lire, je préférais admirer le bonheur des autres.

Il y avait de tout, des vieux, des jeunes et des enfants, des blancs, des jaunes et des noirs, des minces et des gros, des chevelus et des chauves, des grands et des petits, des parfaitement bronzés et moi.

Bon sang ! Ce n’est pas vrai ? J’ai pas de crème solaire, c’était pas prévu ce soleil !

«Venez donc vous joindre à nous si vous voulez bien, mon mari aimerait bien continuer à papoter avec vous si ça ne vous dérange pas»

Quelle charmante personne !

Bien sur que je les ai rejoints, comment refuser une telle gentillesse.

On s’est remis à parler de tout, de rien et du reste; du temps qu’il fait, du temps qui passe et qui ne reviendra plus; de mon Alsace, de leur «j’sais plus où» et du naturisme évidemment.

J’ai appris que pour «les initiés» je suis un «cul blanc» (va savoir pourquoi) et qu’avant j’étais un «textile» vu que je portais des vêtements faits de textiles.

Qu’il ne faut pas confondre le naturisme (en harmonie avec la nature en pratiquant la nudité en communauté), le nudisme (en harmonie avec l’envie de vivre nu), le «àpoilisme» (en harmonie avec l’envie de se foutre à poil juste pour avoir un beau bronzage) et l’exhibitionnisme (en harmonie avec l’envie de montrer sa zezette à tout le monde).

Pendant qu’on discutait Papy et moi, Mamy me tendit de la crème solaire pour qu’on ne m’appelle pas «cul rouge».

Je la remerciait chaleureusement et m’en mettais partout.

Des textiles se promenaient parmi les naturistes se moquant parfois de nous, mais je m’en foutais, je les trouvais déjà cons.

Nous avons passé le reste de l’après-midi ensembles, puis nous sommes quittés en s’embrassant comme de vieux amis.

Le dimanche, il faisait moins beau, mais je suis quand même retourné à cette plage.

Je n’ai plus eu besoin de stratégie pour me mettre tout nu cette fois, c’était déjà naturel.

Pourtant c’était moins bien : Pas de soleil, pas de Papy et Mamy, l’eau plus froide que rafraîchissante…

Je me suis mis entre deux dunes à l’abri du vent, me suis enduit de crème solaire achetée au village, et me suis replongé dans les aventures de Razorbach le Thanatonaute.

Photo de la plage naturiste prise par mon fils
Photo de la plage naturiste prise par mon fils

Pendant ma deuxième semaine de stage, je suis retourné toutes les fins d’après midi sur cette plage.

Je me suis fait d’autres amis tous nus.

J’attendais chaque jour la fin des cours pour retourner à ce paradis terrestre.

Je n’étais plus gêné par ma nudité, même quand les «textiles» passaient à côté de moi en regardant mes fesses et mon précieux, je m’en foutais.

Parfois des naturistes passaient à cheval, c’était beau à voir.

Rentré à la maison, j’avais perdu quelque chose : l’inutile pudeur.

Je me promène toujours tout nu chez-moi quand je suis seul, mais seulement à ces moments là, car mon épouse m’avait annoncé ne pas apprécier le nudisme, et par respect, je ne voulais pas lui infliger cela.

Quand nous sommes allés en vacances aux Canaries, ma femme et moi, nous nous sommes retrouvés parfois avec des naturistes, je me suis déshabillé au grand damne de mon épouse qui ne cessait de dénigrer cette pratique et de se moquer de moi, me trouvant ridicule.

J’ai donc cessé de me mettre tout nu en public.

Photo de la plage naturiste prise par mon fils
Photo de la plage naturiste prise par mon fils

C’est assez récemment (nous sommes en 2011 lorsque j’écris ce récit, je le dit pour les archéologues qui vont trouver cet écrit dans quelque milliers d’années) que j’ai eu envie de réessayer le naturisme, après avoir visionné une émission sur M6.
Mon épouse m’a appelé en me disant «ça devrait te plaire, des gens débiles qui aiment se balader à poil».

L’un des sujets traitait d’un monsieur qui militait pour le droit à vivre nu, pour que la loi française soit plus tolérante à l’égard des naturistes.

Mais ce qui m’a interpelé, c’est quand il a brièvement parlé de bienfait du naturisme sur la santé… Il avait la même maladie que moi (spondylarthrite ankylosante) et déclarait que le naturisme l’a soigné et lui a sauvé la vie.

Je me suis mis à rechercher sur internet des sites traitant du sujet.

J’ai trouvé des articles, des forums, des tchats…

A force de tchater avec des naturistes, l’envie m’est venu re-essayer la pratique du naturisme.

Mais où ? Quand ? Comment ? Et qui va faire la vaisselle ? (non, cette question n’a rien à faire là, mais si vous vous proposez, j’ai une pile qui attend d’être lavée).

Où ? A quel endroit sachant que je ne connais aucun endroit naturiste en Alsace?

Quand ? Sachant que je suis marié avec quelqu’un qui est réfractaire à cette impudique pratique.

Comment ? ça c’est facile, en se mettant tout nu.

C’est sur internet que j’ai trouvé le où.
J’ai lu, dans un forum dédié au naturrisme, l’article d’une dame qui a fait du vélo sur la piste cyclable qui longe le Rhin côté allemand.
Comme je vis en Alsace, frontalière avec l’Allemagne, j’ai assez vite repéré cet endroit magnifique qu’est la barre rocheuse d’Istein.

C’est en prenant des heures de récupération de mes heures supplémentaires que j’ai trouvé le quand.

Comme j’avais déjà le comment, il n’y avait plus qu’à.

Depuis, je suis devenu accro et je cherche toujours des endroits plus près pour en profiter plus encore.

J’ai partagé mes informations et expériences avec d’autres naturistes via internet, car je me suis dit qu’il doit y en avoir plein d’autres qui, comme moi, aimeraient bien, mais ne savent pas où aller.

Photo de la plage naturiste prise par mon fils

Ensuite, le plus dur est arrivé : oser en parler à ma femme, à ma famille et mes proches.

Je ne voulais plus cacher cette saine philosophie de vie tel un malade cachant son sida, tel un prisonnier ayant acquitté sa peine, j’avais envie de partager ce plaisir.

Pour ma famille et mes proches, je les ai mis sur le fait accompli par des allusions sur le site communautaire Facebook où ils sont quasiment tous inscrits.

Il y en a eu pour, d’autres contre…
J’ai eu droit à des encouragements de certains, à des railleries d’autres…
J’ai perdu quelques « amis » Facebook…

Qu’importe, j’ai toujours laissé chacun vivre sa vie, qu’on me laisse vivre la mienne.

Photo de la plage naturiste prise par mon fils

Maintenant, je me sent mieux et plus libre qu’avant.

J’ai eu envie d’aller plus loin dans cette expérience (randonues, vacances en centre naturiste, …), mais depuis, j’ai divorcé (pas à cause du naturisme, mais enfin libre de vivre comme je veux), je me suis trouvé un bungalow avec jardin dans un parc de vacances naturistes en Allemagne où je vis toute l’année, tous mes proches me connaissent comme étant naturiste, je me suis fait des amis naturistes, bref, je vis vraiment heureux.

Ce texte a été repéré par un éditeur de magazine dédié au naturisme. Il m’a demandé s’il pouvait le publier, je lui ai évidement dit oui.

Il l’a reconfiguré pour qu’il puisse être imprimé et voici ce que cela a donné 😍

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